Kalachakra Info
Décembre 2023 / janvier 2024
Paroles de Maîtres, Jetsunma Tenzin Palmo
"Pour développer de profondes compréhensions, nous devons faire de l'ego un ami "
Ce texte nous vient de Jetsumna Tenzin Palmo, un des plus grands maitres contemporains (lignée drukpa kagyü).
Il est issu d'un enseignement offert en 2019 au centre australien Sakyadhita
. Arrangements et traduction par Franck.
"Le bouddhisme peut sembler traiter principalement du combat contre l’ego, du non-soi et de la vacuité, mais initialement le Bouddha a dit d’entrer en amitié avec soi-même, car c’est l’ego qui va suivre la voie. Pour développer de profondes compréhensions, nous devons faire de l’ego un ami.
Nous devons nous pardonner, nous aimer, et nous souhaiter le bonheur. Dit autrement, nous devons avoir un sens du soi à la fois mesuré, joyeux et sain, qui parcourra la voie du non-soi. Ceci est très important. Dans le cas contraire, notre soi ne sera pas en mesure de suivre le chemin. Si nous nous cassons la jambe, nous ne pourrons pas marcher, et tout ce que nous ferons, c’est de penser à quel point cela fait mal. Dès que quelqu’un nous touchera, nous sentirons de la douleur. Cette jambe n’a plus d’utilité puisqu’elle est est cassée. Mais quand la jambe est guérie, nous pouvons sauter, courir et puisqu’elle est guérie nous n’y pensons plus.
Quand notre ego est malade, nous ne cessons de répéter “je, je, je… pauvre de moi, je suis si stupide, sans espoir, je suis trop ceci, trop cela…” Il n’y a que du “je, je, je…”. Si nous avons un sens du soi à la fois juste et assuré, quand nous sommes amis avec nous-mêmes, nous ne pensons plus autant à nous et nous nous tournons davantage vers les autres. Nous sommes libres de l’égocentrisme car nous sommes en bonne santé [mentale- ajout du traducteur ]. Le problème avec certaines approches de la psychologie, c’est qu’elles renforcent l’ego. Dans de nombreux cas, il est plus simple de s’asseoir [en méditation] et d’entrer en amitié avec soi-même. Pardonnez-vous, et ajoutez “c’est ok”. Souriez-vous, et aimez-vous comme votre meilleur ami."
Le billet de la directrice
"Puissent les graines de bienveillance plantées cette année mûrir en joie"
Chers amis du dharma et du centre Kalachakra,
Cette édition du Kalachakra Info sort à quelques jours des fêtes de fin d’année et de la fermeture temporaire du centre parisien, du 23 décembre au 7 janvier, à l’exception de rendez-vous incontournables comme la nuit de Tara du 31 décembre ou la retraite de lamrim à Saint Cosme .
Toute l’équipe du centre Kalachakra vous envoie, à vous et vos familles, ses souhaits sincères de repos, de réconfort et de bonheur durable. Puissent les graines de bienveillance qui ont été plantées cette année mûrir en joie, dans un sentiment d’appartenance à une seule et grande famille humaine.
Rendez-vous l’année prochaine, avec notamment la découverte du riche programme de la saison mars-août 2024 !
Excellente fin d’année à tous et à toutes,
Élisabeth
Big Love - Morceaux choisis - #27
Départ pour la première tournée internationale - New York, New York
Chaque mois, nous vous proposons un extrait en français de "Big Love", la fameuse biographie de Lama Yéshé (Traduction par Michelle).
L'extrait suivant évoque l'arrivée en Occident du maitre, affectueusement appelé "Lama".
[…] Un grand magnat chinois, riche et influent, de New York, Docteur Shen, […] avait accepté de financer toutes les dépenses des deux lamas et de Mummy Max pour leur voyage en Amérique et leur retour au Népal. Il n’exigea rien en retour, suggérant simplement qu’ils voyagent dans le pays pour observer de quelle façon le Dharma était enseigné en Amérique. C’était un geste d’autant plus extraordinaire qu’il n’avait jamais rencontré les lamas. Lama Yéshé n’était pas très motivé pour partir aussi rapidement en voyage. Cela faisait des années que Max revenait à la charge mais sa réponse était toujours : « C’est trop tôt ». Mais face à cette générosité, il céda.
Cependant, Lama Yéshé devait d’abord recevoir la permission de voyager. Lama Zopa Rinpoché avait déjà un passeport népalais mais Lama n’avait qu’un Certificat indien d’identité pour les réfugiés. L’assistance émana d’un ministre haut placé dans le gouvernement tibétain à Dharamsala, un sherpa du Solu Khumbu habitué à réciter le mantra de la compassion Om Mani Pèdmé Houm des milliers de fois par jour, pas seulement quand il avait un mala en main, mais en toutes circonstances. Lama Yéshé reçut rapidement son permis de voyage. On dût encore faire appel à un ami népalais de Max pour s’assurer que Lama ait un passeport népalais avant leur départ, « accélérant » sa livraison en donnant 3000 roupies. On le nomma Thoubtèn Yéshé Sherpa Lama.
Après avoir fait leurs adieux à Kopan, ils s’en allèrent donc vers l’Ouest.
New York, New York
[…] Un jour, Lama et Rinpoché sortirent seuls tous les deux pour acheter des pizzas. Ils ne remarquèrent pas le jeune homme qui vomissait sa vodka devant un bar de Brooklyn mais lui, les vit. Son éminence Prince Ratu Agung Sri Acarya Vajra Kumara Pandit Pandita, qui était un prince de la famille royale de Bali, Indonésie, avait aussi été moine bouddhiste pendant plusieurs années dans sa jeunesse et avait été reconnu en tant qu’enseignant réincarné. Mais deux années plus tard, Prince Ratu, comme on l’appelait, avait tout abandonné.
« J’avais vingt ans, je travaillais à Brooklyn et je venais de recevoir une lettre de ma petite amie m’invitant à son mariage. J’étais complètement saoul, désespéré, le cœur absolument brisé et vraiment suicidaire. Tout mon univers venait de s’effondrer sur moi. Je levai les yeux et, dans mon brouillard alcoolisé, vis deux moines bouddhistes qui s’avançaient vers moi. Je me précipitai vers eux parce que je savais qu’au moins, je pouvais parler à ces moines. Ils me demandèrent s’il y avait une pizzéria dans le secteur et je les conduisis à l’une d’elles. Je leur achetai des pizzas avant de commencer à parler. Je passai finalement presque toute la journée avec eux. Je pris refuge avec Lama Yéshé et lui racontai ma triste histoire. Il m’encouragea à renouer avec la vie spirituelle et quand je le regardai dans les yeux, j’y trouvai la bonté de tous mes maîtres.
Je leur dis que ma lignée était celle du maître indonésien d’Atisha, connu dans le bouddhisme tibétain comme Lama Serlingpa. Lama Yéshé était un homme magnifique. Il me remit dans le droit chemin. Le lendemain, je commençai à réciter encore et encore le mantra de Vajrasattva, à prendre encore et encore les vœux de bodhicitta, et ce, pendant neuf mois. Mon esprit s’en trouva complètement clarifié et je retournai à Bali pour y reprendre mes fonctions spirituelles. Si je n’avais pas rencontré Lama Yéshé ce jour-là, je serais mort aujourd’hui. Et je n’aurais pas rencontré les autres lamas qui ont compté dans ma vie comme Dilgo Kyentsé Rinpoché. »
[…] Mais les étudiants new-yorkais de Kopan les emmenaient plutôt dans des restaurants crasseux et bon marché. Et les lamas pouvaient facilement tomber malades. Beaucoup d’étudiants étaient trop jeunes et inexpérimentés pour réaliser qu’ils nécessitaient des soins très particuliers. Bien sûr, Lama ne disait jamais que « merci, dear » à tout. Il disait même merci aux portes automatiques !
Les ascenseurs furent aussi une révélation pour les lamas. « Whoosh ! dit Rinpoché, c’est exactement comme l’attachement qui s’élève ! »
Lama Yéshé dit à ses étudiants qu’à son avis, le meilleur endroit pour méditer dans une maison américaine était la salle de bain car c’était le seul endroit où l’on pouvait avoir un peu d’intimité et sortir du décor.
Ils rencontrèrent Guéshé Wangyal, un important érudit mongol puis ils s’envolèrent pour le Wisconsin pour voir Guéshé Lhundroup Sopa, maître de longue date de Lama Yéshé, maintenant professeur au Département des Études Bouddhistes à l’université du Wisconsin, à Madison.
[…] Lama envoyait toujours ses étudiants de Kopan, qui vivaient dans le secteur, voir Guéshé Sopa. L’un de ces étudiants les avait rejoints pour le déjeuner. « Ils passaient vraiment du bon temps ensemble, dit-il. Comme Guéshé Sopa s’était assis par terre pour le repas, Lama Yéshé s’efforçait de s’étaler le plus bas possible sur le sol, si bien que Rinpoché n’avait plus qu’à s’allonger s’il voulait être le plus bas des deux. »
C’est à Madison que Lama parla à son vieux maître de ses problèmes cardiaques. Certains docteurs avaient recommandé une opération mais cette idée ne plaisait pas à Lama. Il accepta toutefois de retourner dans le Wisconsin pour des examens à la fin de sa tournée…
Janvier au centre Kalachakra
Retrouvez ci-dessous le tableau du programme de janvier,
puis les suggestions d'Arnaud concernant les évènements marquants.
Une nouvelle année au centre Kalachakra
Voici les événements incontournables de début 2024 au centre Kalachakra :
Le 31 décembre c’est notre nuit annuelle de Tara pour finir l’année 2023 et commencer l’année 2024 de la manière la plus constructive possible avec de nombreuses offrandes, prosternations, circumambulations et récitations de mantras. Pour en savoir plus : https://centre-kalachakra.com/event/nuit-de-tara-2023-12-31-2024-01-01-2143/register
Du 26 décembre au 7 janvier, Vénérable Gyaltsen guide une retraite de lamrim (avec possibilité de continuer deux semaines sans être guidé). C’est l’occasion de méditer en profondeur dans le cadre d’une retraite sur les différents sujets de la voie qui mène vers l’Éveil. C’est en particulier un des prérequis pour valider les programmes d’étude de Découverte du Bouddhisme ou le Péba. Plus d’informations : https://centre-kalachakra.com/event/retraite-sur-la-voie-graduee-de-l-eveil-semaines-1-a-4-2023-12-26-2024-01-21-2182/register
Le samedi 20 janvier, Anne-Sophie enseigne sur la manière de développer un regard bienveillant sur le monde . Elle se basera sur les enseignements traditionnels concernant le développement de l’amour ou la compassion, et elle nous expliquera comment les mettre en œuvre de manière très pratique au quotidien en engageant à la fois le raisonnement et notre expérience, le cognitif et l’affectif. Que l’on soit bouddhiste ou non bouddhiste, c’est une opportunité pour réfléchir, échanger et pratiquer sur la manière d’ouvrir son cœur aux autres. Plus d’informations : https://centre-kalachakra.com/event/un-regard-bienveillant-sur-le-monde-2024-01-20-2290/register
Le dimanche 28 janvier, Vénérable Gyaltsen nous explique comment transformer concrètement notre esprit . Il explicitera les enseignements traditionnels bouddhistes assez complexes sur les différents types de conscience, et il nous expliquera comment les mettre en œuvre au quotidien pour réaliser les différents sujets du lamrim. C’est en particulier une excellente opportunité de révision pour les étudiants du PEBA qui viendront de finir l’étude du Lorig. C’est aussi un sujet essentiel pour tout étudiant bouddhiste sérieux, à partir duquel on peut comprendre et intégrer de nombreux autres sujets. Plus d’informations : https://centre-kalachakra.com/event/de-l-illusion-a-la-realisation-les-7-types-de-conscience-2024-01-28-2292/register
Rencontre avec Julien
"Il y a de quoi faire pour rendre ce que m'a apporté le centre"
Comment t'es tu retrouvé au centre ?
Il y a une douzaine d'années, la lecture d'un livre m'a beaucoup interpellé, celui de Sa Sainteté, "L'Art du Bonheur". J'ai pu entrevoir une autre façon de voir les choses. Comme je voulais en savoir plus, j'ai cherché un centre et je suis tombé sur le centre Kalachakra.
Sans savoir trop où je mettais les pieds, j'ai suivi des enseignements sur les 51 facteurs mentaux et la patience par Guéshé Dakpa. À cette époque déjà, je voulais en savoir plus sur le fonctionnement de l’esprit !
Ça a duré un an et puis je me suis éloigné du centre.
Suite à des faits de vie compliqués, des désillusions ainsi que la recherche d’un sens plus profond dans ma vie, j'y suis revenu en 2021 par une retraite de calme mental avec François... J’ai de suite accroché. Et après cela, j'ai enchaîné les enseignements, commencé le nouveau cycle de DB que je suis toujours et aussi plusieurs retraites… Tout cela dans le but de mieux me connaître, déterminé à ne plus revivre toutes les désillusions, les prises de tête, les comportements que l'on peut avoir sans savoir pourquoi on agit comme ça... J'en avais assez de tout ça et je recherchais un chemin plus serein que j'ai trouvé au centre.
Ce chemin m'a amené, en début d'année, à partir six mois au Népal et en Inde dans le but d'affirmer cette voie en faisant face à moi-même pour mieux me comprendre. Un voyage spirituel en solo, parcouru en ayant tout lâché : travail, appartement, affaires... avec juste un sac à dos pour vraiment sortir de ma zone de confort... pas d'échappatoire.
J'ai commencé par visiter Lawudo avec Vénérable Amy Miller, vu l'endroit où Lama Zopa est né et avait vécu, la grotte, la gompa, c’était très inspirant. Puis le Népal pendant 4 mois en faisant des treks et en visitant des sites sacrés. Puis le Ladakh et Zanskar en Inde, des zones très bouddhistes, pour terminer par Dharamsala, là où j'ai pu avoir une bénédiction de Sa Sainteté, l'ayant approché de très près... Un moment fort, intense. Suite à cela c’était difficile de trouver autre chose à faire sur place... je suis finalement rentré il y a quelques semaines.
Et tu fais quoi maintenant ?
Je continue toujours le chemin spirituel au travers des enseignements de DB et des retraites. Et à côté de ça, je rénove à St Cosme certaines parties des bâtiments, je jardine...
D'autres projets m'attendent au centre pour les mois à venir. Avec mes diverses compétences (informatique, ébéniste, jardinier...) et quelques connaissances dans divers corps de métiers. Il y a de quoi faire pour rendre ce que m'a apporté le centre.
Comment vois-tu la suite ?
Sereinement, tout ce chemin depuis deux ou trois ans m'a beaucoup apporté, changé, je vois la vie autrement, j'ai l'impression de m'être enfin trouvé.
Ce voyage a été très instructif sur moi-même et sur la vie, cela m'a ouvert l'esprit, je suis plus conscient de chaque instant, je savoure chaque moment comme il se doit en essayant aussi d'ouvrir mon cœur. Ces perspectives m'ont donné confiance en moi et en la vie... tout devient plus facile comme cela.
Je ne sais pas ce qui va se passer dans 6 mois mais ça ne me tracasse pas. Je me sens plus calme, plus serein qu'avant et ça m'apporte beaucoup de joie.
La suite, c'est de continuer dans ce sens, me réjouir de tout ce chemin tout en restant attentif et vigilant à chaque instant pour ne pas tomber dans mes travers. Notre attitude influence notre environnement.
Continuer le chemin, le peaufiner, aller plus loin mais aussi rendre en retour ce que le centre et la vie m'ont donné.
Séquence rétro : dans les archives du centre Kalachakra
Chaque mois, nous ressortons du grenier une photo qui nous rappelle de beaux moments.
Il s'agit plutôt d'une future archive, car le 26 novembre 2023, le centre a été mis en avant sur France 2 lors de son rendez-vous interreligieux du dimanche matin.
Vous avez raté la diffusion ? Pas de panique, retrouvez-là en replay (positionnez-vous entre 1h34 et 1h38) pendant quelques semaines !