Kalachakra Info

"Le Comité central s’efforçait toujours de concevoir les protocoles juridiques, programmes éducatifs et règlements pour les nouveaux « centres-champignons ». Lama Yéshé avait une vision précise de la façon dont il voulait que les choses soient faites, à sa manière certes, mais dans les limites des directives. Ayant reçu une éducation dans la tradition monastique, il n’avait aucun intérêt pour un développement incohérent ou fragmentaire. […] L’objectif était de préserver la tradition bouddhiste tibétaine mahayana de Lama Tsong Khapa, non de promouvoir un business servant ses propres intérêts ou d’établir des clubs ! 

[…] Lama ne refusait jamais une proposition d’aide. Si quelqu’un venait à lui, les mains ouvertes prêtes à servir, il regardait autour de lui et lui trouvait quelque chose à faire : classer des papiers, promener le chien, arroser le jardin, n’importe quoi. Lama Yéshé acceptait toujours chaque once d’énergie positive offerte et ce faisant, il permettait aux gens de se sentir précieux. Même s’il s’agissait d’une idée totalement farfelue, Lama disait oui, histoire de ne pas réprimer le mouvement d’énergie, quitte à le diriger ultérieurement vers une direction plus constructive. 

Le Comité Central, constitué de neuf personnes pour quelques semaines encore, fit nombre de recommandations qui ne furent pas immédiatement appliquées. À cette époque, le Comité écrivit à tous les centres existants leur expliquant la vision de Lama d’unir tous ses centres en une Fondation. Le Comité prépara aussi un document qu’ils nommèrent : “Recommandations pour les centres en développement”, qui incluait le diagramme d’un centre idéal du Dharma que Lama avait dessiné sur une nappe lors d’une réunion avec les étudiants du Vajrapani Institute en Californie. Ce document constituait la première version du guide qui se développerait pour les centres bouddhistes de Lama Yéshé. Cependant le Bodhicitta Center dans l’Indiana déclina la proposition, ne voulant pas faire partie d’une vaste organisation internationale ; ce fut ainsi que le Chenresig Institute devint le premier centre de la FPMT.

Cet hiver-là, les fonds commencèrent doucement à s’épuiser et la qualité de la nourriture à Kopan, à se détériorer de semaine en semaine. Il vint à l’esprit d’Adrian Feldman, ou Gyatso comme il préférait être appelé, qu’il pourrait retourner à Melbourne travailler comme médecin et récolter ainsi de l’argent pour Kopan. Marcel rapporta sa suggestion à Lama Yéshé qui répondit : « Oui, Dr Adrian peut travailler à l’hôpital, séjourner chez Inta et donner des enseignements du Dharma » et Lama rajouta « C’est à lui de prendre la décision. »

Gyatso y réfléchit pendant quelques jours avant de réaliser que ce n’était pas le moment pour lui de retourner en Australie. Il venait seulement de devenir médecin et il lui faudrait de nombreuses années avant qu’il ne devienne moine. Il fit passer le message à Lama via Marcel.

« Quelques jours plus tard, alors que je descendais vers Bodnath, un taxi s’arrêta à mes côtés, dit Gyatso. Lama était assis sur le siège avant et me fit signe de m’asseoir derrière. Au bout de quelques minutes de silence, Lama se retourna disant : « J’ai entendu que tu avais pris la bonne décision. Melbourne est le cœur de ton samsara. Reste à Kopan, étudie, deviens solide. Plus tard peut-être, tu pourras y retourner. » En m’obligeant à prendre ma propre décision, Lama me donnait une grande leçon.

[…] Si l’argent commençait à manquer pour les Occidentaux, c’était encore pire pour les moines du Mount Everest Center. Lama Yéshé envoya des photos des garçons partout dans le monde et prit aussi des photos de lui en tournée pour tenter de trouver de l’argent. Mummy Max avait pris une photo de chacun des garçons (même 30 ans après, on les appelle encore les « Kopan boys ») et fait un poster d’une photo du groupe.  Les parrains recevaient des cartes et lettres de « leur » garçon, dont certains avaient plusieurs parrains. Mais de fait, tout l’argent revenait à un fonds central qui servait à tous. Lama Yéshé savait comment fonctionnaient les parrainages à Séra où les moines sponsorisés étaient très aisés tandis que les non-sponsorisés n’avaient rien."